Correspondance de John-Antoine Nau à Louis Coulembier (30 octobre 1911)
Citer ce document : Nau, John-Antoine, Correspondance de John-Antoine Nau à Louis Coulembier (30 octobre 1911), Médiathèque Culturelle de la Corse et des Corses, consulté le 21 novembre 2024, https://m3c.universita.corsica/s/fr/item/100372
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Titre :
Correspondance de John-Antoine Nau à Louis Coulembier (30 octobre 1911)
Description :
Correspondance manuscrite originale de Johan-Antoine Nau à Louis Coulembier, le 30 octobre 1911 depuis Porto-Vecchio, Tournant de la Marine.(Support : papier libre)Retranscription : Porto-Vecchio,Tournant de la Marine,30 octobre 1911Mon vieux Louis,J’ai bien reçu, il y a quelques jours, la nouvelle qui est une petite merveille d’esprit ironique et bon enfant, et, aujourd’hui, ton poème qui a de grandes qualités. Je te demande pardon de ne t’avoir pas répondu plus tôt, mais je deviens vieux, bête et surtout paresseux. La nouvelle, j’en veux garder le texte pour moi, tel que tu l’as écrit, mais je l’enverrai, – cette nouvelle –, recopiée àRoyère qui ne pourra lui faire qu’un bon accueil. Il sera très content de la dédicace, j’en suis sûr. Le poème m’a intéressé aussi. Il renferme de très jolis vers :Flûte aux timbres trilles de fauvettes…Cependant que la flûte, encor,Allège en effleurantes caressesLe thème, etc.Très, très joli tout cela, comme aussi :Que, le basson gravement, le basson répèteEn une tierce timide et douce.La seule chose qui me contrarie, c’est que la fin n’est ne soit pas dans le mouvement que je sentais. (Je ne suis pas un mufle ; je veux toujours que ça marche comme je sens…) Le vers libre est plus difficile que tous les rythmes classiques en ce qu’il demande qu’un poème soit toute une harmonie qui se réponde, du commencement à la fin ; ce n’est, pour ainsi dire, qu’un seul vers flexueux et ondoyant comme une phrase musicale de Debussy, et je trouve la fin de ton poème en désaccord musical avectout ce qui précède. Il y a une rupture brusque de rythme que je ne comprends plus. Et puis, tu as eu une distraction: tu as écrit juvénal pour juvénile ; et la clarinette ne marche pas très bien là-dedans. Ce n’est pas un mauvais poème : il y a des choses excellentes, mais la fin est un peu dure. Il y a quelques vers délicieux qui rappellent le bon poète du « Moulin » et du « Clocher ». Repotasse un peu ta fin, mon vieux fiston, et je suis sûr que ça sera très bien. Allonge un peu les vers de la fin ladite fin ; il faut des vers un peu plus amples pour s’harmoniser avec :Exhalent leurs lointaines tristesses, etc.(ça c’est un très beau vers)Tu vois que je suis toujours le vieux pion ami. Tu feras des choses épatantes si tu masses sérieusement. Tu es très poète, avant tout poète et tu arriveras à des résultats très beaux en t’imposant quelque discipline. Je sais combien ce mot est hideux, combien je le hais, mais, surtout avec le vers libre, il faut absolument savoir ce qu’on va faire et suivre tout le temps sa musique sans flancher. Il faut avoir un dessin mélodique fait d’avance dans sa tête.Pardon de mon pionnisme, vieux copain. C’est parce que j’aime ce que tu fais que je suis aussi emmerdant.Envoie-moi vite le « Calvaire » et ne lâche jamais la divine poésie qui t’aime puisqu’elle t’a déjà donné de beaux vers.Sois très sévère pour toi. C’est la grande chose. Ne te laisse jamais aller à la facilité. (Dirait-on pas M’sieur Ernest Charles23 qui parlerait ! Quel pédant je fais !!)Yette et moi t’embrassons de tout coeur comme nous t’aimons, ainsi que la chère Yette II, Naini, Ourse, Maurice, Jules auquel je vais écrire et tous les Coulembier possibles et imaginables.Ton vieux parent qui t’aime bien,John-Antoine Nau Torquet
Type :
Manuscrits
Collection :
Correspondance de John-Antoine Nau
Créateur :
Nau, John-Antoine
Contributeur :
Coulembier, Louis
Date :
30 octobre 1911
Couverture spatiale :
Porto-Vecchio (Tournant de la Marine)
Langue :
Français
Relation :
Fonds John-Antoine Nau
Source :
Gherardi, Eugène F.-X., Tournant de la Marine : La Corse de John-Antoine Nau 1909-1916, Ajaccio : Albiana, 2016.
Licence :
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Droits :
Collection particulière
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