Ce projet traduit une volonté d’ancrer les pratiques traditionnelles de la pêche côtière dans le territoire et de témoigner, à partir du langage recueilli, de l’intimité qui unit le pêcheur à son environnement. Nous avons tout d’abord voulu adosser notre étude à une historiographie de la pêche (panneau 2), sans laquelle la place de cette activité au sein de la société corse ne saurait être dépeinte fidèlement.  Plus généralement, nous tenions à mettre en lumière une expérience humaine de la nature à l’heure où, dans nos sociétés modernes occidentales, les individus n’ont plus qu’un rapport indirect voire artificiel à leur milieu naturel. Aussi, un élément du vécu des gens de mer s’est rapidement imposé à nous : les amers, e signure… ces points de repère pris à terre, indispensables à la navigation côtière jusqu’aux années 70, moment de la démocratisation des outils de géo-référencement.

Notre zone d’étude s’étend au Nord-Ouest de la Corse, approximativement de Nonza à Portu. La technique traditionnelle de la prise d’amers et son expression (panneau 7) illustrent pleinement le paradoxe des relations de l’homme à la Nature en mêlant symbiose et maîtrise des éléments naturels. L’homme s’est approprié l’espace pour exploiter la ressource, avec l’humilité qui caractérise les sociétés peu mécanisées. Une approche mémorielle, basée sur les témoignages des marins, rend compte de ce paramètre, au-delà de nos espérances en tant qu’enseignant chercheur.

Dans la relation qu’entretient le pêcheur à la mer, la nature n’est pas perçue seulement comme une donnée physique, mais aussi dans sa dimension géopoétique.  Les évocations métaphoriques de u Lenzolu, u Pizzicu d’Oca, a Cavallata, Morte Ceca, u Scarmu, Rugniporcu, u Cutrogliulu, a Libraria, u Pindinu, l’Imbutu, a Punta Spartiventi, u Capu à i Signori… donnent vie au relief, en jouant notamment sur les analogies de forme et de couleur.

Parmi les 400 toponymes recensés sur le littoral et dans l’intérieur, nombreux sont ceux qui convoquent une légende ou un récit de vie spectaculaire, reconstituant ainsi de véritables pans de la mémoire orale.  Le vocabulaire est riche et varié, les dictons et les savoir-faire nombreux.Aux acteurs de la mer de se les réapproprier et aux plus jeunes d’en être les ambassadeurs !

Réalisation :

  • Laboratoire LISA (UMR 6240, Università di Corsica – CNRS), Projet Identités, Cultures : les Processus de Patrimonialisation (ICPP)

Porteurs du projet :

  • Muriel Poli et Denis Jouffroy, Maîtres de conférences en Cultures et Langues Régionales, Laboratoire LISA (UMR 6240, Università di Corsica – CNRS)

Photographies et appui technique :

  • Loïc Colonna, Photographe
  • Johan Jouve, Ingénieur d’études, Laboratoire LISA (UMR 6240, Università di Corsica – CNRS)
  • Mathieu Laborde, Ingénieur d’études, Laboratoire LISA (UMR 6240, Università di Corsica – CNRS)

Avec la collaboration de :

  • Archives de la Collectivité de Corse (ACC)
  • Laboratoire Stella Mare (UMS 3514, Università di Corsica – CNRS)

Que soient remerciés pour leur participation active et leur témoignage : Sébastien Mazzi (SM) Lisula, Ange Longinotti (AL) San Fiurenzu, Dominique Bartoli (DB) Calvi, Andria Maresca (AM) Galeria et Antoine Fieschi (AF) Portu, sans oublier Jean-Michel Di Menza, Toussaint d’Oriano, Etienne d’Oriano, Francis Biolzi, Filippu Guerrini (FG), Jérôme Poggi, Serge Teillet et Jean-François Luciani.

Parcours de l’exposition :

  1. Présentation
  2. Una storia in muvimentu
  3. Mare è terra, passi di vita
  4. San Fiurenzu
  5. Lisula
  6. Calvi, Galeria è Scandula
  7. Lingua è tecnica
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