Description :
Atelier B : Enseigner la variation, incantation ou réalité
Intervention de Roxane Gagnon (Université de Genève, équipe GRAFE-FORENDIF)
Ce colloque se propose d’envisager les langues et les cultures présentes dans la société comme des limes : à la fois frontière et chemin, le lime servait dans l’empire romain à délimiter le "monde civilisé" et celui des "barbares". Avec le souci de retourner le sens premier du terme, la barrière fortifiée quasi insurmontable, pour récupérer in fine le contenu sémantique lié à l’idée de passage, de chemin vers…
Ainsi nous interrogerons-nous sur les conditions de reconnaissance de la pluralité culturelle et linguistique, d’une intégration raisonnée plutôt qu’imposée, à travers une réflexion théorique approfondie notablement corrélée à la relation d’expériences sociales et scolaires advenues.
Ce colloque est organisés autour de 4 axes :
1. L’identité, la langue et le fantasme de l’unicité
2. Enseigner la variation : incantation ou réalité ?
3. Construire ensemble du sens dans la salle de classe : faire du commun avec ses différences ?
4. L’école du XXIe siècle au défi de la pluralité
Résumé :
Les récentes injonctions du Plan d’études romand (2010) invitent à la création de dispositifs dans lesquels les élèves sont amenés à réfléchir sur le fonctionnement non pas d’une, mais de toutes les langues étudiées. Cette observation réfléchie de la langue peut venir entre autres d’une démarche comparative, en accord avec les principes d’une didactique intégrée des langues. Pour un objet d’enseignement tel que la grammaire, une telle approche, en plus de travailler à améliorer les représentations et à développer une attitude d’ouverture à la diversité linguistique et culturelle, conduit l’élève à prendre de la distance par rapport au phénomène grammatical étudié, lequel, dans la langue familière de l’élève, est transparent. En effet, le détour par d’autres langues permet de faire apparaitre les « problèmes » et peut en fait constituer un « raccourci » pour comprendre certaines notions grammaticales (de Pietro, 2005). Or, si les apports d’une démarche d’éveil aux langues ont été prouvés dans le cas des premiers apprentissages scolaires, l’adoption d’une perspective plurilingue pour traiter de phénomènes grammaticaux plus complexes soulève encore maintes interrogations. Pour l’étude du fonctionnement des temps du verbe dans les textes, dans quelle mesure l’adoption d’une perspective contrastive favorisera-t-elle la compréhension des élèves ? Elément central de la structuration de la phrase, le verbe est porteur d’un ensemble important de marques morphologiques (Bassano, Maillochon, Klampfer & Dressler, 2001). Les questions en lien à la cohésion des temps verbaux s’analysent sur divers plans (morphologique, lexical, syntaxique, textuel et sémantique). Les difficultés liées au système verbal ont trait aux distinctions entre les catégories de mode, d’aspect, de temps (Tomassone, 2002), de personne ainsi qu’au traitement des auxiliaires et semi-auxiliaires (Leeman-Bouix, 1994). Parmi ces concepts, lesquels peuvent-ils être contrastés de manière à faciliter la compréhension et l’interprétation des élèves? De manière plus large, nous nous interrogeons sur les possibilités d’emploi et les limites d’une telle approche.
A partir de l’examen d’un corpus de textes rédigés par des élèves du secondaire genevois ainsi que de celui de productions écrites d’étudiants de la très cosmopolite Ecole de Langue et de Civilisation Française de l’Université de
Genève, nous procédons à l’identification des principales sources de difficulté en lien à la question du fonctionnement des temps du verbe dans des textes argumentatifs. Les résultats de l’analyse visent à comparer les difficultés en fonction du profil des apprentis scripteurs : peut-on associer des types d’erreurs aux apprenants de langue 1 ou à ceux de langue 2 ? La comparaison entre les productions permet aussi de dégager les difficultés en lien au genre de texte traité. En fonction des résultats de l’analyse, nous serons à même de dégager les concepts et notions en lien aux phénomènes de temps, d’aspect et de mode susceptibles de contribuer à la remédiation des difficultés. Chemin faisant, partant du postulat que c’est le processus discursif qui « constitue le créateur de concordance et d’homogénéité ; le processus est doté de sa propre temporalité et c’est dans le repérage par rapport à cette temporalité de l’activité discursive que les procès se trouvent eux-mêmes organisés emporellement » (Bronckart, 1996), nous montrerons quels aspects du genre favorisent l’établissement d’une proximité entre les langues et entre les cultures. Nous identifierons les potentialités et les limites d’un dialogue entre les langues pour traiter les problèmes grammaticaux en lien avec le fonctionnement du temps des verbes dans les textes. De manière plus large, mais parcellaire, nous esquisserons des pistes de réponse aux questions soulevées par Canelas-Trevisi en 2008 : « Est-ce que ceux qui se forment pour l’enseignement à des publics francophones sont confrontés aux mêmes analyses critiques et aux mêmes cadres théoriques que leurs homologues engagés dans des formations de français pour non francophones ? Est-il justifié de parler de deux didactiques de la grammaire ?»
Est une partie de :
Colloque international du réseau de socio didactique des langues : Faire société dans un cadre pluriculturel – L’école peut elle didactiser la pluralité culturelle et linguistique des sociétés modernes ?
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