Qu’est-ce qu’un Loweton ? C’est le terme utilisé par les Maçons pour désigner un fils d’un Franc-Maçon.
Nous avons vu qu’il existe un nombre important de documents tendant à prouver que l’Empereur était Maçon. Ces documents se trouvent dans les archives du G.O. de France, dans le fond de la Bibliothèque nationale et dans de nombreuses Loges tant en France qu’à l’étranger. Sans compter tous les documents qui sommeillent dans des archives privées, départementales…
10. Signalons que plus de 60 Loges porteront le nom de Bonaparte, de Napoléon ou celui de membres de sa famille.
Moins probant, car aucune trace retrouvée si ce n’est des récits dont nous ne connaissons pas les auteurs, sont certaines visites qu’aurait effectuées l’Empereur. Une mérite cependant d’être évoquée, et a fait l’objet d’un article dans la revue maçonnique L’Abeille maçonnique en 1830. Voyons cet article :
« Un soir, accompagné de Duroc et de Lauristan, il se rend à une Loge qui se tenait faubourg Saint-Marceau composée d’habitants du quartier. Duroc entre le premier comme visiteur, et est accueilli à la manière ordinaire. …il s’avance vers le V.M. et lui dit tout bas : Deux autres frères vont se présenter, mais ils désirent n’être pas connus… ».
- En 1840, à l’occasion du retour des cendres, un certain nombre de Loges organisèrent des Tenues funéraires en hommage à leur Frère Bonaparte. La Loge Saint-Jean d’Ecosse a expédié des convocations officielles :
« Une fête funèbre aura lieu dimanche prochain 20 décembre dans notre Atelier à l’occasion de l’arrivée des dépouilles mortelles de l’Empereur Napoléon, membre de notre Ordre ».
Cela faisait 20 ans que l’Empereur était mort, et précision importante, il s’agit bien de la maçonnerie Ecossaise !
- Le 28 juillet 1844, Joseph Bonaparte décède à Florence, il était le Grand Maître du G.O. en 1804. La Revue Universelle de la Franc-Maçonnerie publie un article pour lui rendre hommage :
« Il avait été appelé à la Grand Maîtrise par l’Empereur, qui avait voulu honorer une institution à laquelle il appartenait lui-même, qu’il estimait pour ses principes et pour ses œuvres, et dont il voulait favoriser la propagation pour en généraliser les idées et les bienfaits ».
C’était une revue reconnue par tous les Maçons et sérieuse dans ses articles.
Quels sont les éléments qui plaident en faveur d’une non-appartenance à la Franc-Maçonnerie ?
- Il n’existe à ce jour, aucune preuve tangible de son Initiation, aucun procès-verbal d’une Tenue d’une Loge où il aurait été reçu n’a été retrouvé.
- Napoléon 1er ne fera que très peu de déclarations sur la Franc-Maçonnerie.
- Le chirurgien irlandais O’Meara qui se trouve sur le Bellérophon et suivra l’Empereur à Sainte-Hélène rapporte dans ses mémoires un entretien qu’il aurait eu avec Napoléon sur la franc-Maçonnerie le 02 novembre 1816 :
« C’est un tas d’imbéciles qui s’assemblent pour faire bonne chère et exécuter quelques folies ridicules. Néanmoins, ils font de temps à autre de bonnes actions. Ils ont aidé la Révolution et récemment encore, à diminuer la puissance du pape et l’influence du clergé. Lorsque les sentiments d’un peuple sont contre le gouvernement, toutes les sociétés particulières tendent à lui nuire ».
O’Meara précise lui avoir demandé si les Francs-maçons ont un lien avec les illuminati. Sa réponse fut :
« Non, c’est une société tout à fait différente : en Allemagne, elle est d’une nature dangereuse ».
Ce témoignage a été largement utilisé pour prouver qu’il n’était pas Maçon.
Comment pouvait-t-il faire partie d’un tas d’imbéciles ? Il reconnait la raison pour laquelle, il a favorisé le développement de la Franc-Maçonnerie.
- Le premier valet de chambre de l’Empereur, Louis-Constant Wairy que nous connaissons plus sous le nom de Constant a écrit dans ses mémoires :
« On ne doit point omettre, en parlant de l’année 1813, le nombre incroyable des affiliations… et parlait de la Franc-Maçonnerie comme de purs enfantillages bons pour amuser les badauds. Il riait de bon cœur quand on lui racontait que l’Archichancelier, Cambacérès, en sa qualité de chef du G.O., ne présidait pas un banquet maçonnique avec moins de gravité qu’il n’en apportait à la présidence du Sénat ou du Conseil d’Etat. Il se méfiait des sociétés connues sous le nom de Carbonari en Italie et des Illuminés en Allemagne ».
L’expression purs enfantillages peut paraître excessive, pourtant les plus hautes personnalités de l’Etat y ont participé.
- Il a été mis en avant que l’Empereur n’a jamais confirmé sa qualité de Maçon (comme il ne l’a jamais démenti d’ailleurs). Etant devenu Empereur, il tenait à ce que ses subordonnés respectent une étiquette, et ne le tutoie plus par exemple. Cela peut expliquer la distance qu’il a prise avec la F.M. et qu’il ne visitera plus les Loges (du moins officiellement). Sa relation avec Lannes qui est Maçon est révélatrice de la distance que l’Empereur souhaite. Lannes continuait obstinément à le tutoyer, Bonaparte le vouvoyait à dessein, mais, rien n’y fait, le tutoiement continua. Bourienne alors secrétaire du Premier Consul relate un moment de colère de Bonaparte ;
« Lannes continuait à le tutoyer et l’on ne saurait se figurer à quel point cette persistance de familiarité chez l’un de ses plus vaillants frères d’armes, lui était devenu insupportable… Il était devenu le seul qui osât encore traiter Bonaparte en camarade …. »