1815 – 1816 Guerre du Fium’Orbu et trésor de Murat

A la chute de Napoléon, Murat ex-roi de Naples et beau-frère de l’Empereur, décide de se rendre en Corse, sous la protection du Général Franceschetti. Il sait que Poli avait constitué une armée fidèle à Napoléon et pense pouvoir, avec l’aide des Corses, reconquérir son trône. Murat n’ayant pas accès à son argent déposé dans divers endroits d’Europe, avait emporté avec lui des diamants[31]. Murat meurt fusillé à peine arrivé en Italie mais son trésor, dit-on, est resté dans la région…

A la chute de l’Empire, Rivière proclame une amnistie générale à l’exception du Fium’Orbu qu’il déclare hors la loi le 14 avril 1816 car il l’accusait d’avoir ouvert le feu sur les troupes du roi. Le 16 il réunit son armée à Aléria, 8000 hommes commandés par 3 généraux, 4 colonels et deux commandants. Rivière disposait également de 10 navires de guerre prêts à débarquer à Cala d’Oru et à prendre Sari. Poli dispose de 1200 hommes et de 500 femmes « pour la défense du pays ». Après une journée de combat qui tourne en faveur des partisans de Poli, le général Rivière s’enfuit, à pied, harcelé par une poignée de Fiumorbacci. Rivière est tenu pour responsable de cet échec, il est renvoyé et remplacé par Willot.

Le 26 juin 1816, l’armistice est signé, à I Furnelli, à Migliacciaru, dans une maison en pierre « au-dessus du cimetière, à un croisement ». D’égal à égal, Poli et les Fiumorbais signent un traité de paix avec la France de Louis XVIII…

B) Feuille de route pour la mise en place d’un pèlerinage commémoratif

L’immense œuvre de Rivera ne représente pas un exemple à suivre au pied de la lettre, il nous servira simplement de point de départ et de source comparative. Il ne s’agit pas de réaliser une fresque historique pensée par un artiste ou par des historiens mais plutôt d’effectuer une fresque historico-mémorielle à partir de la mémoire d’un groupe d’individu tout en maintenant une certaine légitimité historique. Les personnages, les objets et symboles ainsi que les événements représentés sur la fresque constitueront un ensemble qui deviendra le nouvel objet commémoratif[32].

Le premier travail s’effectue en trois temps : d ’abord, comme nous l’avons fait dans le cadre du projet Paoli-Napoléon, le chercheur se rend sur le terrain pour collecter la mémoire de la population étudiée. Il doit dans un second temps saisir les contours de cette mémoire en faisant ressortir les éléments qui apparaissent comme les plus importants ou les plus représentés dans le souvenir de ladite population. Enfin il vérifie, par la recherche historique et/ou archivistique, qu’il n’y ait pas de décalage flagrant, volontaire ou involontaire, entre la réalité historique et la représentation du passé du groupe. Il convient donc de dresser un tableau de l’histoire-mémoire du territoire ciblé en confrontant systématiquement les deux dimensions.

C’est donc l’ensemble du cheminement, allant de la conception participative jusqu’à la réalisation de l’objet commémoratif, qui pourrait constituer cette nouvelle pratique commémorative. Et lorsque l’on sait que le mot « commémoration », du latin commemorare ‘’se souvenir ensemble ‘’, est un assemblage de deux mots latins : memoria, memento ‘’mémoire, se souvenir’’ et cum ‘’avec’’. L’idée de pratique commémorative participative n’est-elle pas la forme de commémoration la plus fidèle au sens premier du mot ?

La seconde dissemblance qui doit apparaître entre notre œuvre et celle de Rivera est d’ordre chronologique et géographique. Là où Rivera a peint deux mille ans d’histoire sur plusieurs centaines de mètres carrés dans une seule ville (Mexico), nous proposons la réalisation de six à dix fresques réparties sur l’ensemble du territoire. Ces fresques devront être proportionnelles aux dimensions des villages, c’est pourquoi il conviendra d’y faire apparaître uniquement les éléments les plus représentés dans la mémoire des habitants concernés. Dans le cas du Fium’Orbu Castellu par exemple, il conviendrait de représenter uniquement la période 1774-1816.

Il serait, à notre sens, hors de propos de désigner un seul territoire (Ajaccio ou Bastia par exemple) pour accueillir toute l’histoire de Corse sur un seul monument. Car une ville ne peut à elle seule prétendre être la gardienne de l’ensemble de la mémoire insulaire. De plus, la question de l’accessibilité se pose. Même si Rivera a prouvé que techniquement il était possible de rassembler, par la peinture, un grand pan d’histoire du Mexique dans une seule ville, nous constatons que les populations des divers états du Mexique n’ont pas la possibilité (temps, coût du trajet, desserte) de venir se recueillir sur ce monument d’intérêt national.

[31] Le mémorial des Corses, dirigé par Francis Pomponi, fait état d’un trésor fait de bijoux et diamants dont le montant s’élève à 100 000 francs.

[32] Ce dernier remplace la statue ou la plaque commémorative.

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